Vivre pleinement

L’approche de pleine conscience est actuellement en forte émergence dans les grandes écoles où s’enseigne la gestion. Pour réussir à faire le meilleur usage de leur temps, les gens actifs aux prises avec des exigences élevées doivent mettre à contribution toutes les dimensions de leur être. Les seules connaissances intellectuelles ne suffisent plus. Une approche inclusive est devenue incontournable.

D’ailleurs, la grande pertinence de la pleine conscience dépasse largement le milieu académique. Elle s'exprime de multiples façons, dans de multiples contextes. Au StartupFest tenu à Montréal, le 10 juillet 2014, l’entrepreneur à succès Adeo Ressi exprimait avec conviction le message suivant : « Think about how you are not awake and wake up! What do you wanna do in your life, what´s important ?… Then you CAN be happy. » (voir note de bas de page). Le message gagne toutes les sphères de notre société. Il est, et restera des plus actuels.

Et ce n’est pas tout. Les frontières entre les espaces personnel et professionnel sont dorénavant plus floues. En soi, cela n’est ni bien, ni mal. C’est une situation complexe qui est très subjective. Une tendance lourde veut néanmoins que l’on recherche, voir exige de plus en plus d’être heureux au travail. Plusieurs spécialistes, dont Serge Marquis, Pierre Duhamel, Rémi Tremblay et Théodore Zeldine, respectivement médecin en santé au travail, conseiller en gestion, fondateur de la maison des leaders et historien, en font état dans l’émission intitulée « Le bonheur au travail ». Cette émission réalisée par Mario Proulx à Radio-Canada est une de quatre sur le thème de « La soif de bonheur » présentée comme « une invitation à être et à vivre ». [Proulx 2012a] [Proulx 2012b]

D’entrée de jeu le message de Marquis est clair et affirmatif : une grande quête de bonheur est présente au travail et beaucoup souffrent de l’absence de sens. Plusieurs, après avoir investi énormément dans leur formation, occupent un poste qui ne leur permet pas de véritablement mettre à profit ni leur intelligence, ni leur jugement, ni leurs connaissances et ni leur expérience. Pas surprenant que les niveaux de stress soient sans précédents, de dire Tremblay, lequel affirme du même souffle qu’il est urgent de créer des environnements plus heureux pour mieux performer. D’ailleurs, Zeldine nous fait réaliser que le travail, tel qu’il a été inventé au 19^ème siècle est une relique. Jadis, il y avait l’insécurité, le paysan, pour qui être dans un bureau ou un grand magasin, avec un salaire régulier, c’était le paradis. Mais maintenant, le bureau est devenu une prison. Il faut réinventer le travail parce qu’il ne convient plus ni aux besoins ni aux compétences des hommes et femmes d’aujourd’hui. Il mentionne qu’à Londres, mêmes des gens très instruits délaissent leur travail pour faire autre chose. On peut goûter la vie et ne pas manger le même plat tous les jours, mélanger les métiers, être stimulés.

Donner du sens aux événements de notre vie, occupée pour une grande partie par le travail, est donc un réel besoin. J’aborderai plus loin, notamment dans les sections intitulées . et Erreur ! Source du renvoi introuvable., une façon de définir et d’inclure ce qui donne du sens à nos activités et de le concrétiser dans les événements du quotidien.

Dans un autre ordre d’idée, vivre pleinement va de pair avec être présent, à nous et à notre entourage. Le corps et l’esprit gagnent à être habités, soignés et maîtrisés. C’est précisément ce à quoi nous amène la pratique du yoga. D’ailleurs, les préceptes yogiques se transposent bien dans notre rapport avec le temps. J’aime voir le temps dont je dispose comme une entité propre, comme une de mes ressources, au même titre que mon corps l’est.

En réalité, pour arriver à mieux vivre cette relation avec le temps, plusieurs disciplines sont interpellées, dont principalement le yoga, la psychologie et l’informatique. Être d’avis que les outils informatiques mis à notre disposition sont dissociés ou incompatibles avec la pratique du yoga et de la méditation est une erreur. Depuis quelques années seulement ces outils font intimement partie de notre quotidien. Et ils sont là pour demeurer. La cohabitation dans un même cerveau de tout cela ouvre la possibilité à l’un et à l’autre d’une grande inter pénétrabilité. Voilà l’hypothèse de travail que je pose comme point de départ.

* * * En somme, notre besoin de prendre en main notre destinée et de poursuivre notre quête du bonheur est toujours aussi présent. Et pour y parvenir, le rationalisme des philosophes des Lumières demeure une source d’inspiration encore aujourd’hui, en dépit de ce que certains en disent. Plus que jamais, et malgré la complexité grandissante de nos vies, des moyens émergent, nous donnant de plus en plus de pouvoir pour créer notre avenir. Mais voilà qu’il faut passer à l’essentiel, user de discernement et choisir ce qui a du sens pour nous et nos proches. Bref, il y a lieu de revoir nos façons de faire, quant à l’approche certes, mais aussi dans les moyens. La qualité de l’œuvre n’est pas indépendante de celle de la toile et des pinceaux. Être bien outillé est un atout indéniable face à la surabondance d’information et la nécessité d’écrire dans le numérique où nous consignerons de plus en plus les éléments constituants de notre base de données personnelle. Ceci dit, travailler sur l’essentiel n’est pas une mince affaire. Cela demande du discernement et de la détermination, ce qui ne peut être délégué aux machines. D’ailleurs, l’omni présence des machines intelligentes dans nos vies ne changent rien au fait que nous restions profondément humains et que les façons de faire de nos cerveaux, gauche et droit, ne changeront pas de sitôt. Aux machines de s’adapter, et non l’inverse. Soyons exigeant à leur égard, vigilant face à ce qui nous est proposé et tirons-en le maximum dans le plus grand intérêt de l’humanité.

Voilà pourquoi il est possible que nous ayons besoin d’approches et d’outils simples et efficaces pour nous aider dans notre relation avec le temps. Et surtout, pour mieux cultiver le goût et le plaisir de vivre !
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Note
Réalisez à quel point vous n’êtes pas conscients et réveillez-vous ! Que voulez-vous faire de votre vie, qu’est-ce qui compte ?… Alors, vous POUVEZ être heureux.